#FacebookDown : Et si toute la tech ne tenait qu’à un fil ?

Article : #FacebookDown : Et si toute la tech ne tenait qu’à un fil ?
Crédit: Iwaria
5 octobre 2021

#FacebookDown : Et si toute la tech ne tenait qu’à un fil ?

On a beaucoup évoqué l’importance du numérique dans la vie de tous les jours. Et les réseaux sociaux sont le pan le plus utilisé et le plus populaire de la révolution numérique que nous vivons. Mais, l’instant d’un bug, le monde entier s’est presque arrêté. Tous les réseaux sociaux du groupe Facebook ont bugué. Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger totalement bloqués et inutilisables : c’est ce qui s’est passé en début de soirée ce lundi 04 octobre 2021. On a eu l’impression que le monde s’arrêtait de tourner, tellement nous sommes devenus dépendants aux réseaux sociaux. Heureusement que d’autres moyens de communication étaient là pour nous permettre de continuer à interagir et échanger.

facebook shutdown
Crédit : Andrea Piacquadio / Pexels

Un Facebook Shutdown inédit

En fait, ce n’est pas la première fois qu’un réseau social est en panne. Twitter a déjà connu des arrêts généraux de son système. Instagram ou Facebook également. Et même Google avait eu à connaître ce problème. Ce qui rend ce Facebook shutdown inédit et particulier, c’est le fait que tous les réseaux sociaux d’un groupe soient en panne au même moment pour une durée si longue. Simultanément, Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp sont tombés en panne. Et cela a duré pas moins de six heures de temps. Un bug d’une durée aussi longue, est inédit. Des millions et des millions d’internautes se retrouvent ainsi privés de communication, de messages, de stories ou de réels pendant autant de temps. Des réseaux sociaux populaires, Twitter, LinkedIn, Telegram, Signal fonctionnaient et ont su dépanner les internautes. Mais au-delà de la récurrence des pannes de ce genre et l’ampleur de cette dernière, il faut remarquer que ce dysfonctionnement est le double révélateur de la puissance et de la fragilité du numérique. Explorons d’abord la puissance.

Facebook a fait arrêter le monde

Pour ceux qui doutaient encore de la puissance et de la force avec laquelle les géants du web pouvaient influencer notre vie, ce Facebook Shutdown vous ramènera sûrement à la raison. Ce bug a eu l’impact d’un séisme sur l’écosystème numérique, dont Facebook semble être l’un des épicentres. Ce Facebook Shutdown ne fait que démontrer combien la firme est puissante. Avec ses près de trois milliards d’utilisateurs mensuels, Facebook est sans aucun doute le réseau social le plus utilisé au monde. À cela, il faut ajouter les deux milliards d’utilisateurs de WhatsApp et le milliard et demi d’utilisateurs d’Instagram. Tout ce beau monde crée du contenu, livre des conversations et gère des questions, des plus intimes aux plus importantes sur ces plateformes. Une masse incalculable de données sensibles sont confiées à cette firme et ses produits. Et quand elles s’arrêtent de fonctionner, personne ne sait plus quoi faire. Quel outil utiliser pour avoir la même satisfaction et les mêmes fonctionnalités ? Sur le coup, on peut clairement se perdre. Il est d’ailleurs très difficile d’imaginer un monde sans ces outils, tant ils font partie de notre quotidien. Facebook est entré dans le patrimoine mondial. Marc Zuckerberg et ses techniciens peuvent toucher et influencer notre façon de communiquer au quotidien. Tout comme ils peuvent à contre cœur (ou non, sait-on jamais) nous empêcher d’utiliser ce service. On comprend que l’influence de Facebook est si grande que; lorsqu’un bug aussi minime qu’il soit advient, il affecte toute la planète.

Toute cette technologie ne tient qu’à un fil

Aussi bien dans la vie personnelle et familiale que pour de nombreuses entreprises, ces plateformes sont devenues indispensables. Et je ne cherche pas à imaginer les blocages qui ont découlés de cette panne. Les clients qui n’ont plus de nouvelle de leurs commandes passées sur WhatsApp. Et vice-versa. Ou les entreprises qui ont perdu tout moyen de communiquer avec leur clientèle ou leur partenaires financiers. Un blocage du genre a des répercussions économiques sans pareille. La preuve immédiate de l’effet pervers de cet évènement est la chute des cours boursiers de Facebook. L’action de Facebook a chuté de près de 5 % à la clôture de Wall Street. Sans compter que Marc Zuckerberg, le fondateur du mastodonte a lui perdu près de 6 milliards de dollars du fait de cette interruption. Du côté des utilisateurs, les dégâts sont aussi colossaux financièrement parlant. En une heure d’interruption, Netblocks estime que l’économie mondiale a perdu plus de 160 millions de dollars.

Au-delà de l’impact financier, il faut également avoir une appréciation sur les autres types de dégâts que cette interruption, bien qu’involontaire a pu créer.

L’Afrique étant le berceau des coupures d’internet, il est déjà arrivé à la plupart des Africains de se retrouver au moins une fois sans internet. Et ce sentiment d’être impuissant, d’être embastillé, de ne pas avoir la parole est tout simplement celui que nous avons tous ressenti le temps de ce bug. Il n’était plus possible de faire une story Instagram ou WhatsApp pour dire quoi que soit. Les présentations en direct sur Facebook ou Instagram impossibles. Vraiment, cet instant nous a rappelé les sombres moments, où la coupure de l’internet venait nous priver de liberté.

Et d’ailleurs, cela doit nous faire réfléchir sur le rôle de ces géants du web dans la préservation de la liberté d’expression et de parole. Ils sont devenus aujourd’hui le principal moyen d’expression, de mobilisation et de pression directe sur les gouvernants. Ce géant impact qu’ils ont, doit les pousser à une plus grande responsabilité. Une plus grande responsabilité en ce qui concerne la modération des contenus diffusés sur les différentes plateformes sociales. Facebook peut et doit encore faire mieux pour que l’espace soit épargné de certains contenus à caractère violent, raciste et dégradants. Aussi, une plus grande sécurité de nos données doit être assurée pour protéger tous ceux qui utilisent les produits de la firme. Il est clair que la plus grande crainte que j’avais, était que Facebook se soit fait pirater. Et que les données de près de 3 milliards de personnes se retrouvent dans des mains mal intentionnées. De plus, une rumeur avait même circulé pour annoncer la mise en vente de ces données. Il est difficile aujourd’hui d’imaginer une situation pareille, quand on sait que même les gouvernements ont des comptes et des pages sur Facebook et y libèrent des données sensibles. En même temps, cela doit interpeller les utilisateurs des réseaux sociaux sur le type d’informations que nous transmettons sur les plateformes digitales et technologiques. La raison est simple : il n’y a pas de risque zéro.

Même Facebook bugue… Il n’y a pas de technologie infaillible

Ce Facebook shutdown prouve la vulnérabilité de toute technologie. Facebook, l’une des plus grandes au monde et n’a pas réussi à s’éviter une panne. Une panne qui s’est répercutée sur le monde entier. L’interconnexion n’a pas que des avantages. Si une nouvelle fait le tour du monde grâce à ces applications, un bug rompt systématiquement le fonctionnement du réseau. Et les conséquences, on les a vues. C’est pour cela que les utilisateurs des réseaux sociaux se doivent de redoubler de vigilance et d’effectuer une veille active. Je pense qu’il est très utile de sauvegarder les données sensibles sur un fichier accessible en local, sans qu’il ne soit nécessaire d’accéder à internet. Pour une entreprise, il s’agira par exemple de son fichier client ou de sa base de données. Pour un particulier, il pourra par exemple s’agir de son agenda ou de sa liste de contact. Effectuer des sauvegardes régulières pour réduire la vulnérabilité face aux cyberattaques est primordial. Mais, au-delà de tout, il vous faut intégrer que des bugs et des dysfonctionnements d’outils technologiques ne sont pas impossibles. Et personne n’est à l’abri. Pas même le géant Facebook. Créer des réseaux sociaux parallèles n’y changeront rien. La preuve est que les autres réseaux sociaux qui fonctionnaient ont failli bugué face à la saturation inhabituelle d’utilisateurs.

Facebook Shutdown réseaux sociaux afrique
Crédit : Ramit Al-zayat / Unsplash

Aucune solution africaine de secours au Facebook Shutdown

Le numérique est certes l’un des secteurs encore en construction sur le continent. Mais, ce court bug nous a permis de nous rendre compte qu’aucune solution efficace de messagerie numérique n’avait été développée sur le continent. Des initiatives éparses existent, mais aucune d’entre elles n’a été relevée comme une solution de taille face à ce bug. Pour la plupart, ces solutions utilisent les plateformes qui ont bugé pour communiquer et attirer quelques utilisateurs. Du coup, elles se sont elles aussi retrouvées bloquées. Au-delà des réseaux sociaux, on peut penser aux serveurs et aux data centers où sont stockées les données des sites et des solutions africaines. C’est là qu’on se rend compte que la tech africaine est tout aussi dépendante des serveurs étrangers et des solutions étrangères que nous le sommes des réseaux sociaux. Et la question de la souveraineté numérique des États africains mérite d’être posée à ce niveau. Que faisons-nous pour créer des outils qui nous rendent indépendants du point de vue technologique ? Ce qui est aujourd’hui fait est à encourager. Mais, il est clair qu’il y a encore énormément de choses à entreprendre et d’actions à mener. Le numérique est véritablement l’une des clés que nos États pourraient utiliser pour influencer le monde entier. Aujourd’hui, le monde s’est arrêté en raison d’un bug d’une entreprise américaine. Et l’impact économique, on l’a vu, n’était pas des moindres.

Au delà de l’impact global, il y a déjà un impact à avoir sur le quotidien des Africains. Bon nombre de solutions digitales existent. Pourtant, la plupart d’entre elles ne tient pas compte des spécificités africaines. Ou ne résolvent tout simplement des problèmes que nous rencontrons au quotidien. Économiquement parlant, les solutions technologiques représentent pour nos États un véritable moyen de gagner en impact. C’est un secteur dans lequel les États africains, les entreprises et les jeunes devraient de plus en plus investir. Car, il faut arriver à développer des solutions adaptées aux problèmes des Africains et pourquoi pas ceux du monde.

Bref, le Facebook Shutdown de ce 04 octobre 2021 est historique. On va même jusqu’à le comparer au krach boursier de 1929, mais cette fois dans le monde des créateurs de contenus et des influenceurs. Ils ont désormais leur « lundi noir ». Mais, il faut bien retenir que ces bugs et dysfonctionnements font partie de la technologie. Ce qui est bien est, qu’ils ne sont généralement pas irréparables. Un bug peut être réparé. Et c’est ce qu’il faut comprendre. Mais en attendant, ses conséquences peuvent être colossales. Surtout, quand on dépend uniquement de solutions technologiques que nous ne contrôlons pas et que nous ne pouvons pas corriger. C’est le cas de l’Afrique, grande consommatrice de tech importée. Ce lundi noir doit nous pousser à multiplier les solutions digitales par les africains et pour les africains. Ensuite, il faut travailler à acquérir une souveraineté numérique et influencer la tech mondiale. Enfin, les utilisateurs doivent prendre soin de veiller à conserver leurs données sensibles sur des plateformes sécurisées, qui ne sont pas liées à internet, pour se protéger et éviter la disparition pure et simple de celles-ci des suites de dysfonctionnement quelconque.

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Commentaires

Mahmoud Sabir
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la période PostFacebookDown doit, interpeller tous le monde à une prise de conscience face à la faille technologique. Au lendemain du Lundi noir, nous devons repenser également sur l'aspect des métiers liés au digital, telle le CM, le SMM, les influenceurs et autres. Si seulement ces réseaux sociaux arrivent un jour à disparaître pour de bon, quelle solution faudra adopter pour sauver ces jeunes, qui seront désormais au chômage.
Bref, votre article est d'une analyse pertinente. Au plaisir de vous réélire prochainement.

Foumilayo Assanvi
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Merci. Des réflexions qu'il est important de mener. En plus, tous les réseaux sociaux sur lesquels nous jeunes exerçons aujourd'hui des "métiers du numérique" ne sont pas contrôlables par nos Etats. Ils ne pourront donc pas éviter une fermeture ou une restriction des services de ceux-ci dans nos pays (ce qui est déjà le cas actuellement pour des options de monétisation indisponible en Afrique ou des fonctionnalités sur la lecture musique ou des vidéos indisponibles en Afrique). Bref, on a vraiment à trouver des mécanismes nouveaux pour assurer la pérennité de ces emplois, qui occupent pas mal de jeunes. Une préoccupation à mûrir au sommet. Merci encore pour ce commentaire.