Et si on refaisait les Jeux ?

Article : Et si on refaisait les Jeux ?
Crédit: © REUTERS - Kai Pfaffenbach
12 août 2024

Et si on refaisait les Jeux ?

Depuis dimanche 11 août, les Jeux de Paris sont clos. La fin de cet évènement, qui a dépassé toutes les espérances, va probablement laisser un gros vide pour de nombreux passionnés. Mais avant de tourner la page, prenons un moment pour revenir sur ces Jeux d’anthologie…

À peine terminés qu’ils nous manquent déjà. Le monde s’est littéralement arrêté durant trois semaines pour laisser place aux Jeux olympiques d’été. Paris 2024 est peut-être déjà l’une des olympiades les plus réussies de l’histoire, si ce n’est la plus réussie. À défaut, c’est tout au moins la plus décalée et la plus originale, avec ses sites olympiques intégrés dans le paysage urbain, incrustant le sport au pied de la Tour Eiffel, dans la Seine, au Grand Palais, pour ne citer que ceux-là. En tout cas, ce sera le cas jusqu’en 2028 où les JO de Los Angeles promettent déjà de nous offrir un spectacle à la hauteur de celui qu’a offert Paris 2024. En attendant de profiter à nouveau de cette effervescence planétaire, et si on se refaisait les Jeux ? 45 sports disputés durant 329 épreuves, qui ont vu 5084 médailles distribuées : ce n’est pas évident à suivre en 19 jours de compétition. Le temps d’un article, faisons un replay de ces JO Paris 2024, façon podium.

🥉 Quand les athlètes participent aux JO, ils ne sont pas tous égaux

Les Jeux olympiques sont un peu comme une gigantesque fête mondiale où tout le monde est invité, mais où certains repartent avec des souvenirs plutôt qu’avec des médailles. C’est le cas de la majorité des athlètes africains, pourtant venus en nombre. En effet, 54 nations africaines étaient représentées à ces jeux, soit un quart des délégations présentes. Pourtant le tableau des médailles est largement dominé par les Etats-Unis (126), suivis de près par la Chine (91). Seulement douze nations africaines ont réussi à décrocher un total de 39 médailles. Ils sont nombreux les athlètes africains qui se sont arrêtés dès le premier tour de leurs épreuves, retournant chez eux plus rapidement que prévu, sans doute avec quelques souvenirs de Paris et beaucoup de rêves brisés.

© AP – Charlie Riedel

Pourtant, certains ont brillé. Le Kenya, seulement 17e au classement des médailles et fidèle à sa réputation, a une fois de plus prouvé qu’il n’était pas là pour rigoler en matière de courses de fond. Le pays a récolté pas moins de 11 médailles, dont 4 médailles d’or grâce à des athlètes tels que Faith Kipyegon et Beatrice Chebet, cette dernière ayant réalisé un doublé exceptionnel en remportant le 5000m et le 10000m​.

Mais c’est la Tunisie qui a créé la sensation avec Firas Katoussi en taekwondo, qui a décroché la toute première médaille d’or olympique tunisienne dans cette discipline. Une victoire qui contraste avec l’élimination de Ruth Gbagbi au premier tour du tournoi de taekwondo et la médaille de bronze de Cheick Cisse, dont on attendait beaucoup plus.

C’est sûr, ces JO ont réservé de belles surprises pour le continent africain, même si tous n’ont pas eu la même chance. Malgré les fortunes diverses des athlètes africains, il est clair que les sportifs africains peuvent clairement prétendre à maîtriser certains sports comme l’escalade, l’équitation, le cyclisme… Mais, faudrait-il encore que les scandales en tout genre disparaissent des fédérations sportives pour laisser place au sportif et que les investissements adéquats accompagnent et popularisent ces sports.

Pendant que l’extra sportif justifie le manque de réussite de certains athlètes, d’autres athlètes n’ont pas réussi à gagner la bataille contre leur corps, qui reste leur principal outil. Si le physique ou l’âge a privé certains athlètes de médailles, il y a aussi ceux qui n’étaient tout simplement pas dans leur meilleure forme. Kevin Mayer, champion olympique du décathlon; n’a pas pu défendre son titre en raison d’une blessure, pendant que Marie-Josée Ta Lou, la sprinteuse ivoirienne, a vu ses espoirs de médaille olympique s’envoler en se blessant durant la finale du 100m.

La sprinteuse ivoirienne Marie-Josée Ta Lou à terre à cause d’une blessure après avoir terminé la finale du 100 m aux JO de Paris, le 3 août 2024. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Finale que la favorite Sha’carri Richardson laissera également filer. On n’a également pas reconnu Rafael Nadal, qui a subi le poids de ses 20 ans de carrière et qui n’a pas réussi à obtenir une médaille durant ces jeux. L’âge a également eu raison d’Eliud Kipchoge, le double champion olympique kényan du marathon qui a dû abandonner en pleine course.

🥈 Paris 2024, des moments qui valent tout l’argent du monde

Paris 2024 a été une édition mémorable, pleine de moments où l’on se dit que même l’argent, pourtant précieux, ne vaut pas certaines expériences. Commençons par les fameux lits en carton, initialement conçus pour des raisons écologiques, mais qui se sont vite transformés en véritables attractions pour les athlètes. Certains n’ont pas hésité à les tester avec des sauts acrobatiques, preuve que l’esprit olympique est aussi fait de curiosité et d’amusement.

Le tireur turc Yusuf Dikeç a capté l’attention non seulement par ses performances puisqu’il repart de Paris avec une médaille d’argent, mais aussi par son attitude décontractée qui donnait l’impression qu’il venait à un pique-nique plutôt qu’à une compétition olympique. Sa posture de tir avec la main dans la poche a été reprise par de nombreux champions qui l’ont mimé après avoir remporté leurs compétitions. En escrime, les petits sauts de Sébastien Patrice étaient si impressionnants qu’on aurait cru voir des sauteurs en hauteur en action. Et n’oublions pas les drames sportifs : les Français ont vécu une défaite cruelle en basket 3×3, perdant à la mort subite contre les Néerlandais ou les féminines qui ont perdu d’un point face aux Etats-Unis. Même Nikola Karabatic, légende française du handball, n’a pas pu sauver les siens d’une sortie précoce en quart de finale, prouvant que même les géants peuvent trébucher.

Enfin, mention spéciale pour les « amoureux des Jeux« . S’il ne manquait pas de quoi vivre et consommer leur amour dans le village olympique avec les 300000 préservatifs distribués aux athlètes, il faut dire que l’amour n’a pas manqué aux Jeux. C’est l’italien Gianmarco Tambieri qui a ouvert le bal en laissant tomber son alliance dans la Seine durant la parade des délégations sur la Seine. Des couples d’athlètes médaillés (Manon Brunet et Boladé Apithy en escrime, Katerina Siniakova et Tomas Machac au double mixte de tennis, Romain Mahieu et Saya Sakakibara en BMX), des demandes en mariages sous les anneaux (Huang Yaqiong médaillée d’or en badminton mixte demandée en mariage par Liu Yuchen, lui-même badiste, Alice Finot et son compagnon,  Alev Kelter et Kathryn Treder). Au point où même les bébés s’y invitent. Mention spéciale à l’escrimeuse égyptienne Nada Hafez, qui a participé au tournoi d’escrime alors qu’elle était enceinte de sept mois. Aurélien Quinion est lui devenu papa quelques heures avant de finir 9ème de la marche. Certains athlètes auraient même préféré l’amour aux Jeux en refusant de participer sans leur moitié, à l’instar de Tadej Pogacar.

Paris 2024 n’était pas qu’une question de médailles, c’était aussi une célébration des relations humaines et des histoires d’amour qui se tissent dans l’ombre des compétitions.

🥇 Le sport et ses légendes ont gagné les Jeux

Paris 2024 a été un théâtre de légendes, où les exploits des athlètes ont transcendé le simple cadre de la compétition sportive. Ce sont surtout eux qui ont construit la légende de ces Jeux olympiques.

Parmi eux, Mijain Lopez est entré dans l’histoire en devenant le premier athlète à remporter cinq médailles d’or consécutives dans la même épreuve aux Jeux olympiques. À 41 ans, le géant cubain de la lutte gréco-romaine a écrasé ses adversaires dans la catégorie des 130 kg, prouvant que l’âge n’est finalement qu’un nombre lorsqu’on parle de légende olympique​. Le français Teddy Riner, l’autre colosse de ces jeux, a lui aussi marqué de son empreinte les Jeux de Paris en décrochant une troisième médaille d’or individuelle en judo, un record sans précédent dans sa discipline. Riner a montré une fois de plus qu’il est le maître incontesté du tatami, confirmant sa place parmi les plus grands judokas de tous les temps​. Katie Ledecky, la reine incontestée des longues distances en natation, a ajouté une autre médaille d’or à sa collection déjà impressionnante en remportant le 1500 mètres nage libre et le 800 mètres pour la quatrième fois de suite. Elle est devenue durant ces jeux l’athlète féminine la plus médaillée aux JO avec neuf titres.

Pas loin derrière elle, Diana Taurasi, la basketteuse américaine, a remporté son sixième titre olympique d’afilée pendant que Sifan Hassan a remporté le marathon féminin. Quant à Novak Djokovic, il a complété son palmarès déjà incroyable en remportant enfin la médaille d’or olympique, le seul titre qui manquait à sa carrière légendaire.

C’est en marchand sur l’eau que Léon Marchand, la sensation française de la natation, a fait son entrée dans le cercle des légendes de ces Jeux. En remportant quatre médailles d’or et une de bronze, ses performances ont fait trembler les bassins de Paris et ont rappelé l’âge d’or de Michael Phelps. Il termine ces jeux en étant l’athlète le plus médaillé et le plus impressionnant​. Sur la piste d’athlétisme, Noah Lyles a non seulement remporté l’or au 100 mètres, mais il l’a fait lors de la finale la plus rapide de l’histoire olympique. Une finale si rapide qu’Oblique Séville (dernier de la finale) aurait remporté l’or en 1988 face à Karl Lewis. En course pour un doublé, il finira troisième du 200 mètres, embêté par le COVID-19, offrant au botswanais Letsile Tebogo, la première médaille d’or africaine en sprint.

Dans les airs, Armand Duplantis, l’athlète suédois, a une fois de plus battu le record du monde en saut à la perche, s’élevant à une hauteur de 6,25 mètres. Ce deuxième titre olympique consécutif a consolidé sa place en tant que l’un des plus grands perchistes de tous les temps​. Les gymnastes aussi ont brillé, avec Simone Biles qui, malgré les défis personnels qu’elle a surmontés, a décroché deux médailles d’or et une d’argent, dominant ainsi le premier podium 100 % noir en gymnastique artistique, aux côtés de la brésilienne Veronica Andrade et de l’Américaine Jordan Chiles. Ce podium historique finit par être remis en cause par le Tribunal Arbitral du Sport qui a retiré le bronze à Chiles pour l’attribuer à la roumaine Ana Barbosu.

Des athlètes venant de nations plus petites ont également brillé, comme Julien Alfred, qui a offert à Sainte-Lucie sa première médaille d’or au 100 mètres dames, marquant un moment historique pour son pays et pour elle-même. Le Pakistanais Arshad Nadeem a décroché l’or au lancer de javelot. De même, le Grec Miltiadis Tentoglou a continué à impressionner en saut en longueur en remportant son deuxième titre olympique d’affilée. L’Algérie a récolté deux médailles d’or durant cette olympiade. La première en gymnastique artistique a été remportée par Kaylia Nemour au détriment de la France. La seconde, c’est la boxeuse Imane Khélif qui l’a remportée en faisant taire tous ses détracteurs, ses cyberharceleurs et notamment ceux qui ont voulu remettre en cause son genre.

S’il y a de fortes sensations qui ont été ressenties durant les sports individuels, il faut dire que les prestations collectives ont également rendu ces JO sensationnels. Les chinois ont fait main basse sur tous les titres en plongeon et en tennis de table, pendant que les américains ont remporté le basket chez les hommes et les femmes en battant la France. Au handball, ce sont les danois qui l’ont emporté, alors que les français ont réussi à conserver leur titre en volleyball masculin. Les espagnols ont remporté le tournoi de football masculin, pendant que les américaines ont fait la différence face au Brésil chez les femmes. On n’oubliera pas de si tôt la performance de l’équipe de France de rugby à sept qui a remporté l’or grâce au fantastique Antoine Dupont. Ces Jeux de Paris 2024 resteront gravés dans les mémoires, non seulement pour les records et les médailles, mais aussi pour la manière dont ces athlètes ont défini le mot « légende ».

On pourrait continuer à citer des moments de légende et des moments qui ont rendu ces jeux uniques et iconiques sans s’arrêter. On ne pourrait quand même pas finir ce replay des JO dans saluer la grandeur, la diversité et la beauté de la cérémonie d’ouverture de ces Jeux, qui restera le moment qui a lancé et ouvert les hostilités d’une olympiade historique. Maintenant que la flamme olympique s’est éteinte, il ne reste que ces nombreux souvenirs pour entretenir et nourrir notre passion du sport, en attendant le retour des Jeux olympiques dans quatre ans, à Los Angeles.

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