Internet, ce très grand pollueur très silencieux
Internet est devenu vital dans nos sociétés. Plus qu’un simple moyen de communication, il influence l’économie de nos Etats. C’est vraiment un élément incontournable, si bien que les Etats cherchent à tout prix à se doter de la meilleure qualité de navigation possible. Ce qui n’est pas pour déplaire aux internautes, qui sont on ne peut plus exigeants sur la qualité et la vitesse du réseau internet. Ceci parce qu’on a besoin d’internet, pour échanger sur les réseaux sociaux, effectuer des achats en ligne, se former, se distraire et même pour lire cet article (disponible en version podcast)… La prépondérance d’internet dans notre quotidien ne nous fait pas nous interroger sur tout ce qu’il y a derrière et sur comment internet impacte la destruction de notre planète.
Internet, ce n’est pas du vent
Personne n’a déjà rencontré internet, ni discuté avec lui. On se dit souvent que c’est du vent, car on arrive à le capter n’importe où, n’importe quand (si c’est possible). Mais, en fait, internet correspond à des data centers, des serveurs et des centaines de câbles, cumulant une longueur de plus d’un million de kilomètres. Ces machines fonctionnent grâce à de l’électricité et drainent de l’énergie. La majorité de ces câbles sont des câbles sous-marins. Il faut y ajouter le cloud, le fameux cloud. Il renforce encore plus l’idée qu’internet n’est que du vent. Pourtant, le cloud ne fonctionne que par le biais des serveurs. Il en existe environ 67 millions dans le monde. A côté de ces installations primaires qui font fonctionner le réseau internet, il faut ajouter tous les objets connectés qui permettent de l’utiliser. On peut ici évoquer les smartphones, les ordinateurs, les enceintes, les montres, les télévisions, les voitures… Voilà autant d’objets qui fonctionnent avec et grâce à internet. Ils ne sont pas moins de 19 millions et sont de fait des vecteurs de pollution.
Une fois qu’on sait qu’internet est bien plus que des nuages, il faut maintenant se demander comment il pollue notre environnement.
Comment internet est un vecteur de pollution ?
Vu tous les milliers de câbles, les quelques satellites qui font fonctionner internet, il est clair que l’empreinte carbone d’internet est loin d’être nulle. L’amélioration et la vitesse de plus en plus recherchée des réseaux internet ne fait qu’empirer les choses. Il s’agit essentiellement de pollution en termes d’électricité ou d’énergie dépensée pour chaque byte d’internet consommé. Tenez-vous tranquille, internet pollue énormément. Et voici en quelques chiffres, les preuves de l’énorme bombe à retardement écologique qu’il représente.
- Chaque heure, l’équivalent de l’électricité dépensée par 18 centrales nucléaires est dépensée pour l’envoi de pas moins de 18 milliards de mails
- Les plus de 180 millions de requêtes par heure sur Google émettent autant de gaz carbonique que mille allez-retour Paris-New York, soit 7 grammes de CO2 par requête Google
- Une box WiFi consomme entre 150 et 300 kWA d’énergie par an, soit autant qu’un grand réfrigérateur
Pour résumer tout ça, internet est responsable de 4 % des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Et les prévisions annoncent que cette pollution passera au double en 2025.
A qui la faute si internet pollue autant ?
Lors d’une conférence sur la responsabilité sociale des entreprises, un entrepreneur à succès défendait les entreprises numériques. Pour lui, elles contribuent à la protection de notre environnement, car elles n’utilisent pas beaucoup de papier. A bien y penser, c’est vrai. Ces entreprises n’utilisent pas beaucoup de papier et on a souvent tendance à croire qu’elles ne produisent pas des déchets. Pourtant, elles en produisent énormément. Et ce, du fait de l’usage d’internet dans leurs activités.
Concrètement, c’est l’usage qu’on fait d’internet aussi bien pour les activités en entreprise que pour nos communications personnelles, qui renforce et accroît la pollution qui en résulte. Et les tendances au télétravail en ce moment n’arrangent pas les choses. L’envoi des mails, les requêtes Google ou l’usage de la musique ou des vidéos en streaming sont autant d’utilisation qui augmentent le taux de pollution d’internet. 43 % des émissions de CO2 d’internet sont le fait des consommateurs. C’est d’ailleurs les internautes qui peuvent influencer le changement.
Comment réduire cette forte empreinte carbone ?
La réponse est presque simple. Il faut moins utiliser internet. Mais, comme d’habitude, c’est beaucoup plus difficile à dire qu’à faire. Comme je l’ai rappelé en début d’article, il y a très peu de domaines qui échappent à la pénétration d’internet. Et beaucoup de consommateurs demandent beaucoup plus de vitesse et de qualité. En témoigne la bataille pour la 5G entre les géants du net. Loin de moi l’idée du fatalisme, il y a plusieurs options même si la bataille ne s’annonce pas simple.
La première est le recours à des gestes simples afin de réduire la consommation d’énergie. Il suffira d’appliquer des réflexes simples pour participer à la réduction de l’empreinte carbone d’internet. Par exemple, envoyer moins de mails et réduire leurs poids ou essayer de faire le moins de requêtes Google possibles. Les utilisateurs doivent également réduire leurs appareils connectés au strict minimum. Penser au recyclage de ces objets connectés ou à l’achat d’objets reconditionnés ou de seconde main doit également devenir une habitude. Changer la résolution des vidéos en fonction de la taille de l’écran, regarder moins de vidéos en streaming et télécharger de la musique est aussi à prendre en compte. Ces petits gestes, loin d’être anodins impactent la consommation en CO2 de ces communications.
Concomitamment, ces gestes doivent être corrélés avec une réduction de la charge du réseau des équipements qui assurent le bon fonctionnement d’internet. Ou du moins, il doit s’agir de proposer des installations moins énergivores. Utiliser des énergies vertes pour alimenter les serveurs et les data centers réduirait aussi la consommation en CO2 de ceux-ci.
En résumé, internet n’est pas du vent. C’est un grand réseau, qui nous est d’une grande utilité et qui en même temps consomme énormément d’énergie. Ceci à travers les serveurs, les câbles et les centres de données qui le font fonctionner. L’usage accru des outils informatiques accroît son impact sur notre environnement. Il ne cesse d’ailleurs de croître de plus en plus. Et c’est la raison pour laquelle il faut penser à le réduire pour freiner la pollution et la dégradation de notre écosystème.
Sources : ADEME
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