Eduquez vos enfants aux droits à la santé sexuelle et reproductive, avant qu’internet ne le fasse
Les droits à la santé sexuelle et reproductive constituent encore un sujet maladroitement abordé. Surtout avec les enfants. Pourtant, ils doivent bénéficier d’informations fiables sur les questions de santé sexuelle. Les parents et les éducateurs à l’école, dans les centres de loisirs, y ont une grande responsabilité. La raison est que les enfants sont évidemment au contact de leurs parents et de ces éducateurs. Mais depuis, un acteur majeur est entré dans la danse. Internet avec les réseaux sociaux, les sites en tout genre, s’est positionné sur les droits à la santé sexuelle et reproductive chez les jeunes.
L’exposition précoce des enfants à la sexualité sur internet
Ceci est l’une des problématiques majeures d’internet. En fait, il est difficile de contrôler une fois qu’un enfant a accès à un smartphone ou un ordinateur, son activité sur internet. Non seulement les enfants y accèdent sans contrôle, mais le contenu auquel ils sont exposés est clairement inadapté et inapproprié. Par exemple, l’accès aux sites pornographiques n’est ni contrôlé, ni réglementé pour les enfants. Encore plus grave, les réseaux sociaux deviennent le lit de vidéos et d’informations sur des pratiques sexuelles non recommandées. Aux côtés des réseaux sociaux, ces sites sont les plus visités sur internet.
Et un grand nombre d’enfants les visitent. Certains réseaux sociaux ne censurent pas ces contenus. Les enfants sont ainsi trop tôt exposés à des pratiques sexuelles peu recommandées, qui prônent un rapport de domination des hommes sur les femmes. Cette masse d’informations sur la sexualité envahit les enfants dès leur plus jeune âge. Ces informations même lorsqu’elles sont vraies, ne sont pas bien assimilées ou interprétées par les enfants. Ce qui les pousse à adopter des comportements qui mettent en danger leur santé sexuelle.
Le rôle des éducateurs est d’atténuer les effets pervers du libre accès des enfants à internet. Mais hélas, là aussi il y a un véritable déficit en matière d’éducation aux droits à la santé sexuelle et reproductive.
La démission des parents et des éducateurs dans l’éducation des droits à la santé sexuelle et reproductive
En famille, la santé sexuelle et reproductive est un sujet tabou. Quand elle ne l’est pas, des pratiques dangereuses comme l’excision sont encouragées. Les parents laissent les smartphones faire l’éducation sexuelle de leurs enfants. La plupart des parents n’effectue aucun contrôle sur le contenu auquel leurs enfants accèdent sur internet. Et c’est pareil à l’école. Les enseignants ne vérifient pas ce que leurs élèves emmagasinent comme informations sur la santé sexuelle sur internet.
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Malgré les quelques leçons qu’ils donnent sur la reproduction, les enseignants n’évoquent que très rarement des sujets comme la planification familiale, la contraception ou le consentement… Un enseignant m’a même confié :
« En toute honnêteté, je n’aborde pas vraiment ces questions avec les apprenants, pourtant on devrait leur en parler »
Ce tabou persiste également dans les centres de loisirs ou dans les lieux de culte. Le plus grave est que les éducateurs deviennent des distillateurs de mauvaises informations sur la sexualité. A défaut d’être spectateurs de l’influence négative d’internet sur les enfants, ils se transforment eux-mêmes en de mauvais influenceurs pour leurs enfants.
Les parents et les éducateurs doivent discuter de la santé sexuelle avec leurs enfants
Le dialogue parents-enfants sur les questions de sexualité doit être accentué. Les parents doivent instaurer un climat de confiance et établir une relation étroite avec leurs enfants. Ces derniers, même au contact d’informations glanées sur internet ou à l’école doivent bénéficier de l’orientation de leurs parents. Si l’éducation aux droits à la santé sexuelle et reproductive doit s’intégrer au cercle familial, il doit en être ainsi également dans les écoles. Les enseignants ont aussi la responsabilité d’inculquer aux apprenants les droits à la santé sexuelle et reproductive. Créer le tabou autour du sujet pousse les enfants à expérimenter des comportements dangereux pour leur santé. Le mieux est de pouvoir en parler au maximum afin d’éviter tout problème. Et à ce niveau, les religieux, les éducateurs à divers niveaux ne seront pas de trop.
Internet doit diffuser des informations plus sûres au sujet des droits à la santé sexuelle et reproductive
D’après une étude de Global Web Index, relayée par DataReportal, 58% des 16-24 ans passent en moyenne environ 3 heures par jour sur les réseaux sociaux. Ce temps passe à près de 7 heures pour tout internet. On a bien compris que se passer d’internet sera difficile. Encore moins de priver les enfants de cet outil, qui a également des avantages. Le faire serait jeter le bébé avec l’eau du bain. Par contre, il faut faire d’internet un espace sûr pour les enfants. Les gouvernants doivent obliger les géants du net à empêcher les enfants d’accéder aux contenus inappropriés.
Les réseaux sociaux doivent modérer et vérifier les contenus diffusés sur la santé sexuelle. Aussi, les internautes doivent prendre la responsabilité de ne diffuser que des informations vérifiées sur ce sujet. Et ce travail est de plus en plus visible avec des groupes de jeunes qui se constituent en diffuseur de bonnes informations sur la santé sexuelle. On peut penser ici aux campagnes digitales de Benbere, des Blogueurs du Bénin, de Plan International Bénin…
Ce qui semble important de retenir est la nécessité de contrôler ce que les jeunes voient sur internet. Il est vrai qu’il offre de nombreuses facilités, mais il représente une niche de contenus inappropriés pour les enfants. Encore plus en matière de santé sexuelle. Il urge que les géants du web prennent des dispositions pour empêcher les enfants d’accéder à certains contenus. Ceci sous contrainte gouvernementale s’il le faut. Les parents doivent eux, veiller au grain. Surtout, ils doivent représenter les premières sources d’information pour leurs enfants en matière de santé sexuelle et reproductive. Il faut également que tous les éducateurs prennent une part plus active dans l’orientation des enfants sur l’exercice de leurs droits à la santé sexuelle et reproductive. Le trio parents – éducateurs – internet est donc décisif dans ce combat.
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