Le paludisme, la pandémie silencieuse à éradiquer en Afrique

Article : Le paludisme, la pandémie silencieuse à éradiquer en Afrique
Crédit: Iwaria
6 mai 2021

Le paludisme, la pandémie silencieuse à éradiquer en Afrique

"L'attention accrue portée à la pandémie du COVID-19 risque de menacer les investissements nécessaires pour lutter contre le paludisme" 

Cette inquiétude du Professeur Stanley Okolo, Directeur général de l’Observatoire Ouest-Africain de la santé (OOAS), n’a pas manqué d’être confirmée par les investisseurs. Seulement la moitié des ressources nécessaires ont été mobilisées en 2020 pour lutter contre la malaria. Depuis que le coronavirus a fait son apparition, certaines maladies ont clairement perdu l’intérêt de la communauté scientifique. Pourtant, ces maladies continuent de faire de nombreuses victimes en Afrique. Des millions d’Africains contractent le paludisme chaque année. Bien plus que les quelques millions de victimes provoquées par le coronavirus. Loin de moi l’idée de minimiser l’impact du coronavirus, mais il est clair que l’un de ses impacts est que la lutte contre le paludisme a perdu son intérêt. Prévenir la COVID-19, on connait le mode d’emploi : respecter les gestes barrières et en se vacciner à l’un des vaccins disponibles sur le marché.

Pour le paludisme, c’est plus compliqué puisque jusqu’à présent aucun vaccin n’a été proposé pour le prévenir. Pourtant, il est clair que la situation s’est améliorée en Afrique, sans pour autant arriver à une mortalité réduite du paludisme. D’après le dernier rapport de l’OMS sur la malaria, plus de 400000 morts ont été enregistrés en 2020, dont 94% en Afrique. Le chemin vers l’éradication de la malaria est encore long. Ce qui m’inquiète, c’est que les moustiques, eux ne s’arrêtent pas. En écrivant cet article, les moustiques dégustent allègrement mon sang et je suis ainsi exposé au paludisme. Je fais donc partie des plus de trois milliards de personnes exposées au paludisme dans le monde. Quelles sont les raisons de la négligence de cette maladie ?

La banalisation du paludisme

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Le paludisme est l’une des maladies les plus contractées en Afrique. L’OMS renseigne d’ailleurs que l’Affrique concentre plus de 92% des cas de paludisme dans le monde. Un calcul simple peut conduire à cette banalisation : 400 000 décès pour plus de 200 millions de contamination au paludisme. La récurrence du paludisme et le développement ces dernières années de traitements pour le guérir a provoqué la négligence de cette maladie. D’après les statistiques du recensement de l’INSAE en 2018, les enfants de 6-59 mois dans la moitié des ménages étaient éligibles pour les tests du paludisme.

Vu qu’on la contracte régulièrement et qu’on finit par la guérir de plus en plus, on a tendance à négliger la virulence du parasite qui le provoque. Des guérisons qui se justifient par les traitements préventifs administrés aux femmes enceintes et la promotion de l’usage des moustiquaires imprégnées. Malgré ces solutions, des millions d’Africains n’arrivent toujours pas à accéder aux traitements du paludisme. Et très peu dorment effectivement sous une moustiquaire imprégnée, quand bien même ils en possèdent. La faible couverture sanitaire du continent ne rend pas la tâche facile.

La recherche infructueuse d’un vaccin

On a tous été surpris de la vitesse et de la réactivité de la communauté scientifique à proposer des vaccins pour résolver la crise du coronavirus. Le paludisme existe depuis bien plus longtemps, mais on ne voit pas le même engouement. Peut-être parce que les Etas Africains, les plus touchés n’ont pas suffisamment de ressources pour financer la recherche de ces vaccins. Ou qu’ils ne sont même pas en mesure d’en commander pour leur population s’il en existait un. Des intérêts financiers entourent la recherche de vaccin contre le paludisme. Mais, viennent s’ajouter des difficultés cliniques. Il s’agit de la mutation fréquente et régulière du parasite, transmetteur de la maladie. Ces mutations compliquent donc la tâche des rares chercheurs d’un vaccin contre le paludisme. On a néanmoins des essais de vaccins qui commencent à germer, dont celui de l’Université d’Oxford qui afficherait une efficacité de 77%.

La forte population de moustiques

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C’est vrai que le manque de moyens financiers pour accompagner la recherche de vaccin ou encore la banalisation de la maladie retardent l’éradication du paludisme. Mais, concrètrement, le paludisme existe parce qu’il y a beaucoup de moustiques en Afrique. Et cela est clairement dû à l’insalubrité chronique. Plus un espace est insalubre, plus il sera enclin à la prolifération des moustiques et par ricochet de la malaria. Il est donc évident qu’il faut réduire la population des moustiques sans pour autant les éradiquer, parce qu’ils ont un rôle dans notre écosystème. Plus précisément, il faut réduire les piqûres de moustiques.

Que faire concrètement pour en finir avec le paludisme ?

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« Nous entrons dans l’ère des voitures à pilotage automatique et des drones livreurs de courses et, pourtant, cette maladie d’un autre temps que nous nous savons capables de vaincre, parce que cela a été fait dans différentes parties du monde, tue encore en masse. Nous avons les outils scientifiques et les connaissances pour venir à bout du paludisme. Nous pouvons le faire. Encore faut-il que nous en ayons aussi la volonté. » 
Chimamanda Ngozi Adichie

Il est donc clair qu’en finir avec la malaria n’est pas impossible. La lutte contre le paludisme doit se faire à deux échelles et ceci de manière simultanée. Les citoyens doivent prendre conscience du danger que la malaria représente pour eux. Les Etats, eux, doivent mieux s’investir dans cette lutte.

En tant que citoyen

  • maintenir son environnement et son cadre de vie salubre et bien gérer ses déchets ménagers (pour éviter que les moustiques ne se prolifèrent)
  • dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide
  • se rendre systématiquement dans un centre de santé dès l’apparition des premiers symptômes du paludisme (fièvre, maux de tête, jaunissement des yeux…)

Les Etats doivent quant à eux

  • investir dans la recherche d’un vaccin efficace contre le paludisme
  • étendre les moyens de prévention aux couches les plus vulnérables en rendant accessibles les moustiquaires imprégnées
  • mettre en place des installations sanitaires de qualité et de proximité
  • établir une politique d’assainissement public de qualité pour éliminer les déchets et réduire la population des moustiques

N’hésitez-pas à m’indiquer en commentaires vos pires expériences avec les moustiques et comment vous pensez qu’on peut en finir avec le paludisme en Afrique.

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