L’écologie, un ovni dans la sphère politique en Afrique

Article : L’écologie, un ovni dans la sphère politique en Afrique
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19 juin 2021

L’écologie, un ovni dans la sphère politique en Afrique

Europe Ecologie Les Verts (EELV) en France, Die Grüne en Allemagne et en Autriche, Los Verdes en Espagne… Autant de partis politiques européens consacrés à la défense dans l’arène politique des idées écologistes. Quand on observe l’environnement politique africain, on ne constate pas la même présence du mouvement écolo. Il ne s’agit pas ici d’entériner ou de discuter la pertinence de la vision environnementale ou la façon dont il faudrait protéger l’environnement selon ces mouvements politiques.

Ici, ce qui m’intéresse, c’est l’existence simple de ce courant d’idées dans la politique africaine. Y a-t-il une volonté de protéger l’environnement ? L’écologie ressort-elle dans les programmes d’actions et les projets de société ? Y a-t-il des partis verts qui sont investis ? Je vous laisse constater qu’il n’y a pas beaucoup de suspens.

Les partis Verts sont très peu nombreux en Afrique

affiche fictive de campagne d'un Partis Verts Africain pour l'écologie et l'environnement en Afrique

Un parti vert défend l’intégration des idées écologistes et environnementales dans la gestion de la cité. Cette vision est partagée par une très petite part des partis politiques en Afrique. Ceci est dû à deux problèmes. Le premier est un problème propre aux partis politiques dans leur généralité en Afrique. Très peu défendent une vision, un projet, un idéal. Les ensembles politiques se forment autour de personnalités, de groupes ethniques ou même religieux. L’inexistence de visions et d’idéaux dans les partis relègue la défense de l’environnement hors des priorités politiques.

La deuxième raison qui explique cette quasi inexistence de partis verts en Afrique est la non prise de conscience des problèmes environnementaux. De plus en plus d’actions pour la protection de l’environnement sont menées, mais il est clair qu’au sein des politiques publiques, l’environnement est loin d’être une priorité. Aussi bien pour les citoyens qui adhèrent très peu aux convictions écologiques que pour les acteurs politiques. Et l’absence de partis verts actifs en est pour quelque chose. Il existe néanmoins quelques partis verts en Afrique qui essaient d’occuper l’espace politique. On peut citer ici le Parti vert Hasin’i Madagasikara de Madagascar, le Parti algérien vert pour le développement, le Parti Vert démocratique du Rwanda ou encore le Parti Vert du Bénin (PVB). Dans la grande majorité des cas, ces partis font partie de l’opposition. Être dans l’opposition en Afrique veut dire qu’on perd les élections ou du moins qu’on a beaucoup de mal à les remporter.

Les partis Verts voient rouge dans les urnes

urne partis verts africain  pour l'écologie et l'environnement en Afrique

Les élections sont aux partis politiques ce que les matchs sont pour les footballeurs. Comme les autres partis politiques, les partis verts s’entraînent, battent campagne pour exercer le pouvoir. Mais, très peu, pour ne pas dire aucun ne réussit le pari de remporter les élections. Il ne faut déjà pas tomber dans le piège de mettre toutes les élections dans le même panier. Elles n’ont pas le même enjeu.

Pour les présidentielles, le projet écologiste n’a pas encore été porté par un candidat au point de lui permettre de briguer une magistrature suprême en Afrique. Par exemple, en 2017, le Parti Vert n’a recueilli que 0,47% du suffrage exprimé au Rwanda. Pour les élections législatives, il y a quelques partis verts qui ont une représentation dans les parlements d’Afrique. On peut citer toujours au Rwanda, le parti vert qui a deux élus. Le Parti de la gauche verte avait réussi à obtenir un siège au Parlement marocain en 2011. Mais, concrètement il ne s’agit pas d’une forte représentativité, au point d’impressionner comme celle des Verts au Parlement européen. Il y a du mieux au niveau local ou régional, où certains élus locaux sont issus de partis verts. Mais, dans la plupart des pays, il n’y a aucun élu issu de partis verts.

La conséquence : une gestion pas très verte des cités d’Afrique

jeune fille avec un plant d'arbre
Crédit : jcomp – fr.freepik.com

Quand on est au pouvoir, on s’évertue à mettre en œuvre des idées et des projets qui correspondent à la vision que l’on défend. Encore, faut-il déjà en avoir une. L’écologie et l’environnement ne faisant généralement pas partie de cette vision, il est évident que la gestion de nos cités tient très peu compte de l’environnement. C’est le dernier souci des politiques menées. On y ajoute des poubelles pour intégrer une dimension environnementale et ça s’arrête là. Pourtant, il y a des considérations environnementales plus importantes à intégrer dans notre gestion de la cité. On peut penser à des choix dans le domaine de l’énergie, du transport, de l’agriculture ou du tourisme. Bref, il y a moyen d’intégrer le facteur environnemental dans la gestion des secteurs clés de la vie des Etats Africains.

Le constat est donc clair et sans appel : le mouvement écolo n’occupe pas la sphère politique. Et c’est un frein à l’essor de ce mouvement ainsi que des actions qui contribueront à l’atteinte de l’objectif de la sauvegarde de l’environnement en Afrique. Il est donc important pour les quelques partis verts existants sur le continent de travailler à améliorer leur présence dans la vie politique. Cela passe par l’augmentation de leurs adhérents, la participation aux élections et la pression sur les pouvoirs en place. Reste à savoir s’ils y arriveront.

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