Musée da Silva, sur la trace des Afro-Brésiliens
Impossible d’entrer dans ce musée sans remarquer les représentations murales qui ornent sa façade. Elles parlent d’elles-mêmes en retraçant le parcours du commerce triangulaire et de la marche des esclaves. On peut s’imaginer déjà que ce musée va nous plonger dans une histoire d’anciens esclaves. Et c’est totalement le cas.
Les Afro-brésiliens sont des descendants de béninois, qui ont été vendus comme esclaves durant la traite négrière.
L’histoire du musée se raconte en trois principaux temps. Le premier tableau peint à travers des photographies les défenseurs de la cause noire dans le monde. Ensuite, on immerge dans une maison du 18ème siècle et ses nombreux trésors cachés. Enfin, on retrouve un hommage aux héros issus de la famille da Silva.
Un hommage aux défenseurs de la cause noire
Cet hommage se fait essentiellement par des photographies, imprimées sur de grands posters et affiches.
Martin Luther King est l’un des personnages les plus représentés sur ce tableau en raison de son dévouement et de sa bravoure dans la défense de la cause noire.
A ces côtés, on retrouve Rosa Park, Victor Schoelcher, Malcom X, etc… qui ont, eux aussi défendu la cause des noirs. Pourquoi ces figures sont-elles représentatives des Afro-brésiliens ? Ils font également partie de la communauté noire, tout simplement. Ils subissent les mêmes discriminations et injustices contre lesquelles ces personnalités se sont battues durant toute leur vie.
Le retour au bercail des Afro-Brésiliens
Entre temps, l’esclavage a été aboli et ces Afro-brésiliens descendants de béninois ont pu revenir sur la terre de leurs ancêtres. Cette fois-ci, c’est un mode de vie diamétralement opposé à celui d’esclave qu’ils vont mener : la bourgeoisie.
La deuxième partie de la visite est consacrée à l’histoire de la famille da Silva, qui est un exemple typique de ce retour au pays. Le père et le grand-père du fondateur du musée sont représentés par de grandes statues. Elles nous souhaitent la bienvenue dans une vaste cour d’où on peut apercevoir un grand bâtiment.
Ce grand bâtiment construit en 1890, repose sur huit pilliers. Il contient plusieurs pièces dans lequelles les biens et meubles anciens ont été conservés. On y découvre un mode de vie déjà très moderne à l’époque, mais marqué par le paternalisme et les traditions.
En parlant de tradition, on retrouve juste dans le hall d’entrée des statues en fer de Zangbétô, d’Egougoun… Ce sont des divinités traditionnelles du Bénin, sur lesquelles nous reviendrons dans cette série Quand les Musées de Porto-Novo racontent l’histoire. Ce n’était pas l’unique référence aux traditions endogènes dans ce bâtiment. On y retrouve plusieurs autres objets traditionnels.
Ce que vous ne verrez qu’en vous y rendant
Ce que vous ne verrez qu’en vous y rendant : Les passages qui suivent décrivent les espaces du musée, où il n’est pas permis de filmer ou de photographier. Le seul moyen d’illustrer mes mots est de visiter le musée.
Cette maison est une véritable mine d’objets de collections uniques en leurs genres. Au fur et à mesure que l’on poursuit la découverte du musée, les objets qui s’y trouvent ahurissent. Des appareils électroniques, téléphoniques, électroménagers etc… Il y en a pour tous les goûts. Les objets de collections ne manquent pas. L’un des faits sociaux propre au Bénin est le phénomène des taxis-motos, plus communémment appelés « Zémidjan » ou « Kèkènon ». On peut admirer dans une pièce du musée la toute première Kèkè (moto artisanale). Elle s’apparente plus à un pousse-pousse de nos jours.
Plusieurs objets de luxe se retrouvent également dans le musée. De la première Rolls Royce à fouler le bitume béninois à la célèbre mobylette BB CT, il y en a de toutes sortes. En tout cas, c’est l’endroit idéal pour découvrir ces objets uniques.
Hormis l’automobile, il y a aussi des références à la période coloniale. Dans une des nombreuses salles du musée, on retrouve plusieurs unes du Petit Journal (un quotidien qui paraîssait durant la colonisation) exposées . On peut y lire certains moments marquants de cette époque. Des portraits d’anciens rois béninois y sont également exposés.
Récapitulatif
Ce musée se veut la mémoire des Agouda, originaires du Bénin. Il exprime comment l’esclavage, la colonisation et l’indépendance ont été vécus par les afro-brésiliens vivant au Bénin. Un angle assez original en raison de leur appartenance à la minorité bourgeoise du pays. On passe de références très générales à des tableaux très familiaux, où les da Silva sont célébrés. C’est là aussi que réside la particularité de ce musée, qui sort clairement de l’ordinaire.
Avez-vous déjà visité ce musée ? Si oui, vos impressions sont-elles les mêmes que les miennes ?
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