La radio en Afrique, un « média carrefour » à réinventer

Article : La radio en Afrique, un « média carrefour » à réinventer
Crédit: Pexels
5 juin 2021

La radio en Afrique, un « média carrefour » à réinventer

L’Afrique n’est pas restée à l’écart du mouvement expansif de la radio. Elle lui a d’ailleurs imprimé une marque avec les langues locales qui ont su s’inviter sur les ondes. Ce média est donc clairement un média de référence en Afrique. On dit que la radio est un « média carrefour ».

La radio est un média carrefour

à l'antenne en studio

La radio est l’un des premiers médias à avoir fait son apparition sur le continent. Elle a connue un grand essor et un grand succès. Ce média a la faculté de relier l’urbain et le rural. C’est ce qui fait la force de la radio. Elle parle à tout le monde. Si les journaux, eux, ne sont accessibles qu’à ceux qui sont lettrés et qui savent lire en français, la radio, elle, est accessible pour peu que votre ouïe fonctionne. Les programmes radios ont donc très rapidement conquis le cœur des Africains, qui pour la plupart ne comprennent pas le français et qui se sont vus proposer de plus en plus de programmes dans les leurs langues locales. Ce succès de la radio a également facilité par la forte prédominance de l’oralité dans les traditions africaines. L’information était très souvent relayée par des griots, des crieurs publieurs et les épopées étaient racontées au clair de lune en contes. Cette forte tradition orale a facilité l’acceptation de la radio comme nouveau mode de communication et de relai de l’information.

La radio est donc rapidement devenue un média carrefour qui rassemble tous les Africains, qu’ils soient lettrés ou non, qu’ils vivent en milieu urbain ou en milieu rural. Les radios se sont donc de plus en plus implantées sur le continent en ayant plusieurs objectifs ou rôles. Comme précisé plus haut, les langues locales ont beaucoup contribué à l’essor de la radio sur le continent. Les émissions dans ces langues locales pullulent et de nouvelles langues sont désormais couvertes par les émissions radios. On ne nous fera pas le procès de dire que la radio est un média carrefour, qui rassemble toutes les couches de la population. En tout cas, elle leur parle à toutes, qu’elles soient en milieu rural ou en milieu urbain. Malgré ce statut de média référence en Afrique, la radio est fortement menacée.

La perte de vitesse de la radio, concurrencée par de nouveaux médias

Auditeur de radios en Afrique et lecteur de journal

Ce constat est corroboré par les derniers chiffres de mesure de l’audience radio en Afrique. On constate que cette audience est en baisse chaque année. Comparativement aux autres médias, la radio a perdu son rang de média favori des Africains. Pendant que 92 % des Africains passent en moyenne 4 heures de temps devant la télévision, seulement 62 % écoutent 2 h en moyenne la radio. La télévision vole la vedette à la radio ces dernières années. Les raisons de cette perte de vitesse sont multiples. Ces chiffres s’expliquent aussi par le fait que la radio en Afrique peine à se réinventer. Les émissions sont les mêmes depuis des années et les formats restent assez rustiques. De plus, très peu de radios profitent des espaces digitaux et des terminaux connectés pour accroître leur audience. Les techniques de diffusion et de promotion étant restées à l’âge de pierre, il ne faut pas s’étonner que les cibles des radios ne se retrouvent pas.

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Ajoutons que les radios étrangères arrivent à captiver l’audience encore mieux que les radios locales. On peut constater par exemple que RFI fait partie des trois radios les plus écoutés dans sept des huit pays sondés par Kantar en 2020. Preuve de la faible attractivité des radios locales.

Réinventer la radio en Afrique : le seul espoir

Il y a donc du retard dans les radios locales africaines, qui n’ont pas pris toute la mesure de l’évolution de la radio. Mais, doivent-elles pour autant laisser la radio, ce média carrefour, mourir sur le continent ? La question est vite répondue. Il faut réinventer la radio. Le premier élément à corriger est la grille des programmes. Elles sont trop peu rythmées et généralement bourrées de rediffusions. Les radios locales doivent investir dans de nouveaux formats très peu présents en radio sur le continent. On peut citer par exemple les émissions de micro-trottoir, les jeux ou les formats propices à l’écoute digitale : la fiction notamment. A ce sujet, quand on voit les audiences des télénovelas en Afrique, on se dit que les radios devraient plus s’investir à proposer des programmes originaux de fiction, tout en se servant de la brèche qu’offre le podcast.

Le podcast fait partie de l’écosystème digital négligé par bon nombre de radios. S’il est vrai que beaucoup d’entre elles ont des sites web et sont audibles en ligne, très peu proposent des podcasts de replay des émissions ou des podcasts natifs. L’abandon de tout ce secteur de l’audio digital est clairement une niche à réexplorer pour un regain des radios africaines. Redonner à la radio les lettres de noblesses et le maintenir au rang de média carrefour passera par ces actions. Dites, considérez-vous toujours la radio comme un média de référence quand il faut se servir d’un média ? Si non, comment pensez-vous qu’on peut réinventer la radio ?

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