Musée Honmè : dans la cour du roi Toffa
La place de la royauté dans nos sociétés traditionnelles n’est plus à démontrer. On en a pour preuve la renaissance que plusieurs royaumes ont connu après l’indépendance, même si leurs pouvoirs ne relèvent que de la coutume. Avant d’être la ville aux trois noms qu’on connaît aujourd’hui, Porto-Novo était un royaume. Fondé en 1688 par Tê Agbalin, le royaume de Porto-Novo disparaîtra après le règne de Toffa 1er en 1908.
Différents rois de Porto-Novo ont ainsi été locataires du Palais Royal Honmè. Ce palais est aujourd’hui un musée où on peut se remémorer le mode de vie de la famille royale.
Le Palais royal Honmè est construit en terre cuite. Ce qui explique la couleur des murs du bâtiment et son aération naturelle. La visite commence par une clarification du terme Honmè. Honmè signifie littéralement « Dans la porte ». On voit ensuite la généalogie des rois du royaume de Hogbonou.
Ce que vous ne verrez qu’en vous y rendant
Ce que vous ne verrez qu’en vous y rendant. Les passages qui suivent décrivent les espaces du musée, où on ne peut filmer ou photographier. Le seul moyen d’illustrer mes mots est de visiter le musée.
Rentrer dans le palais nécessite encore aujourd’hui le respect de certains usages, malgré qu’il n’y ait aucun souverain qui y réside. C’est en se courbant qu’il faut passer toutes les portes du Palais.
La salle d’attente
La première pièce est la salle d’attente dans laquelle les invités du Roi patientent avant d’être reçus par le Roi. Cette salle était déjà dotée de caméras de surveillance, d’après les dires de mon guide. Il faisait simplement référence à un fétiche qui permettait au Roi de voir toutes les intentions de ses visiteurs avant même qu’ils ne se présentent à lui. Ce fétiche permettait également de dépouiller les visiteurs mal intentionnés de tous leurs pouvoirs mystiques. La sécurité du Roi n’était absolument pas tributaire de la loyauté de ses gardes, mais de la puissance de ses fétiches.
La cour des femmes
Parmi les cours les plus impressionnantes du Palais, on retrouve la cour des femmes du Roi. Il s’agit d’une très grande pièce où toutes les épouses du souverain se réunissaient. Je vous laisse imaginer approximativement combien elles étaient à l’époque. Cette cour est mitoyenne avec la cuisine où on peut encore voir le foyer et les meules à condiments et à tabac.
Les cours réservées aux besoins du Roi
Une cour est également consacrée pour chacun des besoins du Roi. Par exemple, on peut citer la salle de bain dans laquelle le Roi se raffraichit le corps*. La cour de détente où le Roi s’alimente. Il faut également citer ici la cour de la reine-mère, celle de l’initiation. Une de ces pièces est réservée aux fétiches du Roi.
Les fétiches
Dans cette pièce, on retrouve une panoplie d’amulettes et de fétiches, qui représentaient le réel pouvoir du Roi. Grâce à ces fétiches, le Roi dirigeait et posait des actes pour gouverner. Il y avait par exemple un fétiche dont le Roi pouvait se servir en cas d’épidémie. Et dire qu’une épidémie de coronavirus fait ravage en ce moment. Le nombre de fétiches implantés dans ce palais en dit long sur leur rôle dans la protection du Roi et dans la gestion des affaires du royaume. Vous avez certainement eu l’occassion de vous rendre compte de ce rôle dans un des films nollywoodiens que vous avez vu.
On retrouve également dans le musée les tombes des Rois ayant voyagé**. Des prisons, une pièce réservée au suicide du Roi (l’équivalent d’une démission de nos jours), la grande cour royale où se tient les assemblées se trouvent dans ce musée.
Les statues du Musée
Le Roi ne gouvernait pas seul. Il avait autour de lui des ministres et des serviteurs qui l’épaulaient dans la gouvernance du royaume.
Certains de ces serviteurs et ministres sont représentés dans la cour du Palais par des statues. On peut également y voir des symboles de nos religions endogènes. On peut citer le Zangbéto, qui a permis d’après une légende à Tê Agbanlin de récupérer Adjatchè des mains des Yoruba. Les masques Guèlèdè sont également représentés dans la cour du Musée.
Si vous avez suivi tous les épisodes de cette série Quand les musées de Porto-Novo racontent l’histoire, vous vous rendrez compte que ces symboles se répètent d’un musée à un autre. Cela traduit tout simplement leur ancrage dans l’histoire de la ville en particulier et du Bénin en général. Même le stand de souvenirs contient certains objets qui leur font référence.
Vous l’avez peut-être remarqué, mais la royauté se ressent même dans le vocabulaire.
*Le Roi ne se prend pas de bain, il se raffraichit la peau
**Le Roi ne meurt pas, il voyage
Alors dites moi, quand visiterez-vous le musée Honmè, si ce n’est pas déjà fait ?
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