Quand les rappeurs balancent des punchlines sur la COVID-19 (podcast)

S’il y a une chose qui est sûre avec la pandémie de coronavirus, c’est qu’elle a impacté notre mode de vie à tous et notre quotidien. Les artistes et les musiciens n’ont pas été épargné et ont dû se résigner à l’annulation de leurs concerts et de leurs showcase. Pourtant, bon nombre d’entre eux n’ont pas cessé de produire de nouveaux morceaux pour accompagner leurs auditeurs ainsi que les amateurs de musique durant ces moments de crise.

Le rap, l’une des musiques urbaines les plus écoutées aujourd’hui n’a pas dérogé à la règle. Les rappeurs ont enchaîné singles, mixtapes, albums et pour certains même des concerts virtuels. Ils ont donc eux aussi fait preuve de résilience face au coronavirus, en continuant à produire leur art et en offrant des sonorités. Mais, ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est ce que ces rappeurs pensent de la COVID-19. Comment ils le voient, ce qu’ils en disent et comment ils conçoivent sa gestion ?

J’ai alors pris beaucoup de plaisir à enchaîner les écoutes de ces morceaux rap, à la recherche de « punchlines COVID ». Et j’en ai trouvé. Je vous propose de découvrir comment les artistes rappent la COVID-19.

Les rappeurs en propagande pour le respect des gestes barrières

Le premier constat assez général que je fais est que la grande majorité des projets rap depuis le début de la pandémie de coronavirus évoquent les gestes barrières. Il ne faut bien entendu pas généraliser, mais on retrouve assez de punchlines qui renvoient aux gestes barrières assez habilement. Il n’y a pas que McFly & Carlito qui peuvent sensibiliser sur les gestes barrières, les rappeurs aussi.

On peut donc entendre Damso dire dans MEVTR « Hey, mets pas la langue, j’veux pas le COVID (no) » ou Jul dans 13 Balles « Dis bonjour du pied, y a le COVID » qui continue sa sensibilisation sur le morceau Mode Akimbo en featuring avec SCH « Poto, y a l’COVID, nan, ne fume pas sur ma kush« . Lui, le dit un peu différemment avec un pointe d’egotrip. C’est SDM dans son morceau Rihanna qui dit aussi : « Calibré, on va chez eux (ouh), maintenant, chez eux, c’est chez nous (ocho). À mon arrivée, ils m’ont vu comme COVID, ils sont tous restés chez eux (restez chez vous)« 

Les coups de gueule des rappeurs contre la COVID-19

Comme je le disais en introduction, la crise de coronavirus a aussi touché les rappeurs. Ils ont exprimé cet impact en punchlines comme on dit dans le milieu. La première que j’ai retenu est une punchline de Booba dans son single Dolce Vita. Il dit « Covid-19 est arrivé, j’n’ai plus que ma feuille et mon crayon« . Il traduit tout simplement son impuissance face à la pandémie, ainsi qu’à la situation des violences raciales auxquelles le morceau est destiné.

Les violences raciales ne sont les seules problématiques, qui ont eu une résonnance durant la pandémie. Il y a aussi la vaccination. Pendant la phase d’essais cliniques, plusieurs voix avaient laissé entendre que le vaccin serait testé en Afrique, créant une grande polémique. Le rappeur belge d’origine congolaise, Damso a fait savoir son désaccord avec ce projet dans son dernier album QALF sur le morceau Coeur en Miettes avec Lous & the Yakuza : « Corona à la lèpre, l’Afrique cesse pas d’renaître Je suis parti en courant aux « mains en l’air, pas un geste », cellule encombrante« . Il revient d’ailleurs plus en détails sur le sens de la phrase dans une interview de Mouloud Achour pour Clique.

La solitude et l’anxiété provoquée par cette crise n’a pas d’égal. Pour Rimkus en feat avec UZI, « S’laisser aller, ça tue plus qu’AstraZeneca (pah)« . Est-ce à dire qu’AstraZeneca tue ? D’autres ont plutôt opté pour la thèse complotiste comme Lorenzo dans Légende Vivante : « Le COVID, un complot comme le SIDA« . A-t-il raison ? Je suis assez curieux de savoir ce que vous en pensez d’ailleurs.

Les mesures instaurées par les gouvernements pour faire face à la crise sanitaire étaient variées : port du masque en extérieur, quarantaine, tests massifs, confinements… Mais, elles n’étaient pas toutes du goût de certains rappeurs. A commencer par les auteurs de ces mesures. « Tu fous la haine (fort) comme celui qui annonce le confinement« , nous dit Kalash Criminel sur le morceau Josky. D’ailleurs, le confinement est l’une des mesures les plus évoquées dans ces morceaux de rap.

Les professionnels du rap confinés, ça donne quoi ?

SDM par exemple n’a pas vraiment apprécié la quarantaine : « Eh j’l’encule moi ton COVID de merde (ouh), 25 ans, on veut m’mettre en quarantaine (ouh)« . Mais, ils n’ont pas eu le choix comme des millions de personnes à travers le monde. Du coup, ils ont dû s’occuper autrement. Moha K, lui il a fait Vroum Vroum : « Course poursuite condés ; accompagné, j’ai pas d’permis ; c’est comme ça tout le week-end ; c’est l’confinement mais j’me permets« . Soso Maness, lui a analysé le cours des boîtes depuis son quartier de Fond Vert dans Zumba Cafew : « 44, le prix des boîtes, j’dis « merci » au confinement, eh (eh, eh, eh) ». Pour Kalash Criminel, c’était un confinement plutôt romantique. Il lâche dans son featuring avec Mac Tyer : « Avec ta mère, j’ai passé l’confinement (waow). Son string léopard me servait de masque (gang) » Bon, sans commentaire.

Mais, il est clair que ce confinement n’a pas été de tout repos. Du coup, Capitaine Roshi n’a qu’un seul vœu « Après le confinement, je veux des caresses« .

On se rend compte que les rappeurs se sont exprimés à travers leur art sur une pandémie, qui nous a tous touché. On pourrait également préciser ici qu’ils n’ont pas manqué d’ingéniosité pour se rapprocher de leur public et maintenir une certaine normalité. C’est le cas des concert virtuels, des apparitions dans des jeux vidéos, des live sur Twitch etc… Bref, ils ont commenté et rythmé la pandémie de coronavirus à leurs façons. Qu’on soit d’accord avec eux, ou non. Mais, je serai néanmoins très intéressé de connaitre la punchline COVID que vous avez bien apprécié. Dites moi en commentaires.