Vers la fin de la pollution plastique ?
On sait toute la complexité qui peut être celle des négociations diplomatiques. Surtout quand il s’agit d’enjeux planétaires comme la sauvegarde de l’environnement. Pourtant, le droit international nous offre de temps en temps des consensus parfois inattendus et inespérés. Depuis l’Accord de Paris, les négociations sur les efforts pour la sauvegarde du climat patinent. La dernière preuve en date est la COP 26, un échec qui a beaucoup fait parlé. L’Assemblée générale de l’ONU nous a laissé une lueur d’espoir quant aux efforts à consentir pour résorber la tension climatique. Ceci par une résolution où ils s’engagent à élaborer un accord juridiquement contraignant pour l’élimination du plastique. Essayons de nous intéresser à ce que ce potentiel accord pourrait changer.
Que contient concrètement la résolution des Nations-Unies ?
Le 2 mars 2022, lors de sa 5ème assemblée pour l’environnement, les Nations Unies adoptent une résolution pour interdire la pollution plastique. C’est ce qu’on entend dire depuis quelques jours. Mais, c’est plutôt que l’ONU a lancé à travers cette résolution les négociations en vue de l’interdiction de la pollution plastique. Les 175 Etats ont mis en place un Comité International de Négociation, dont le travail consistera à travailler à un Accord juridiquement contraignant. La résolution de l’ONU vient donc lancer les réflexions pour adopter un accord contraignant. La date prévue pour ce traité qui mettrait fin à la pollution plastique est 2024. Ce satisfécit suite à l’adoption de la résolution traduit bien l’importance de sortir du plastique le plus tôt possible.
Pourquoi la lutte contre la pollution plastique est capitale ?
Arrêtez-vous un instant et essayer de compter le nombre d’objets en plastique que vous avez déjà utilisé depuis le début de cette journée. Et surtout ceux que vous avez jeté à la poubelle juste après utilisation. Maintenant, imaginez le nombre de déchets plastiques générés quotidiennement dans votre quartier, dans votre ville, dans votre pays, dans le monde. Oui, ça fait beaucoup. En 2019, 460 millions de tonnes de plastiques ont été produites dans le monde. Ils ont généré 353 millions de tonnes de déchets plastiques. Alors qu’en 1950, la production de plastique était d’environ 2 million de tonnes.
Source : Notre Environnement, Évolution de la production mondiale de plastiques
Cette consommation effrénée de plastique a des conséquences colossales sur l’environnement et la biodiversité. La grande majorité de ce plastique finit dans les mers et les océans, participant ainsi à l’extinction des espèces halieutiques. Chaque minute, l’équivalent d’un camion benne rempli de plastique est déversé dans les océans. Sans oublier que ces les déchets peuvent finir incinérés et contribuer à la pollution massive de l’air. Il faut ajouter à tout cela, l’impact que peut avoir le plastique sur la santé humaine. On peut admettre que ces déchets plastiques ont un impact plutôt considérable sur l’environnement. Réduire la production et la consommation mondiale de plastique entre d’ailleurs dans le cadre des actions pour maintenir la température en deçà d’un degré et demi. On comprend toute la pertinence de contraindre les Etats à mettre fin à la pollution plastique.
Encore un accord sans avenir ?
On sait, quand on s’intéresse au droit international, que ce ne sont pas les Accords qui manquent. Encore moins les résolutions. C’est plutôt l’application concrête des décisions prises au niveau de ces instances qui fait très souvent défaut. On l’a bien vu avec l’Accord de Paris, qualifié d’historique. Mais, qui n’a pas pu considérablement faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique. C’est la même crainte que l’on peut avoir pour le futur traité qui mettrait fin à la pollution plastique.
« Maintenant que le principe d’un traité a été voté, le plus difficile est à venir. Il est important que le futur traité comporte des objectifs contraignants […] En cas de non-respect de ces objectifs, il est aussi nécessaire de prévoir des sanctions économiques, pour obliger la communauté internationale à effectivement réduire drastiquement la pollution plastique. »
Diane Beaumenay-Joannet, pour l’ONG Surfrider Europe
Il est clair qu’il faut maintenir une pression sur les Etats d’abord pour que l’échéancier de 2024 soit respecté. Ensuite, il faudra veiller à ce que les stipulations de cet Accord contraignent véritablement les Etats à faire cesser la pollution plastique. Les sanctions internationales devront également être virulentes pour les Etats, dont l’objectif serait de compromettre cet objectif. Quand on connait toutes les difficultés autour de ces instruments du droit international de l’environnement, on se demande si cette fin annoncée du plastique n’est pas encore un rêve bien vendu.
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