40 jours de Carême – Journal (pas si) spirituel d’un jeûneur volontaire
J’ai fait un jeûne de 40 jours pour le carême. Pas pour perdre du poids, pas pour briller sur Insta avec des photos de bougies et de versets, mais pour tester. Tester ma foi, tester ma patience, tester mon estomac. Spoiler : ils ont tous vacillé, mais aucun n’a lâché. Voici le récit d’un jeune (en âge et en esprit) en quête de sens, de calme et surtout qui questionne sa spiritualité.
La traversée du désert avec gospel
Les règles étaient simples : un repas par jour, celui du soir. Pas le droit de manger, ni de boire avant 18 heures. Chaque jour, pendant 40 jours. Pour un expert des déjeuners copieux comme moi, c’est clair que la tâche n’allait pas être simple.
Le premier jour, j’ai cru mourir. Le deuxième, j’ai juste cru que mon estomac me parlait. Le troisième, je parlais à mon estomac. Un truc bizarre s’est passé ensuite : je me suis adapté.
Entre les TikToks chrétiens que j’enchaînais et la musique gospel à fond, j’ai découvert que le silence pouvait aussi s’écouter. Franchement, pour un auditeur de rap et de pop, je me suis redécouvert un goût pour le gospel, précisément les louanges.
Avec mes bavardages autour de mon jeûne (« ah ouais toi tu fais ça ? fort hein »), j’ai vite compris qu’il vaut mieux jeûner en mode silencieux. Discret, prière dans la tête, pas dans les conversations. J’ai arrêté de parler de mon jeûne comme un influenceur qui cherche à vendre sa formation pour devenir riche en deux heures. Discret, mais focus. L’esprit était prêt, le corps un peu moins.
Je devenais un moine urbain
Mon corps a compris que je ne lui donnerais pas son habituelle dose d’igname pilée, d’atassi ou encore de tous ces merveilleux plats auxquels il s’est habitué. Il a arrêté de lutter. La foi est montée comme le volume de ma playlist gospel, que je vous partage d’ailleurs (certains pourraient être intéressés).
Vers le jour 10, le jeûne n’était plus un effort, c’était un lifestyle. Jeûne le jour, foot le soir, gospel toujours. J’ai repris la messe, le Saint Sacrement et même écouté la Bible en podcast ‘La Bible en un an’. Je dois remercier Abdel, qui m’a fait découvrir ce podcast à travers l’un de ses tweets. Malheureusement, j’ai perdu mon assiduité à l’écoute après le jour 21. S’il y a une tentation à laquelle je n’ai pas su résister, c’est aussi celle de trop taquiner les gens. J’y travaille, j’y travaille.
Quand le diable s’enrobe de chocolat
Mais un jour… j’ai craqué. J’ai cédé à la tentation. Le chocolat d’Antoine a eu raison de ma volonté. Jour 31 : premier et unique faux-pas. Mais il y avait une bonne ambiance à la maison. Dieu, c’est aussi ça.
Et puis j’ai repris : le chapelet, les ruptures fruitées, les discussions sur l’orientation de la vie avec Ben notamment. Dieu parle aussi pendant les débats philosophiques à 23h dans les transports, et dans les silences qui suivent.
Maigre, voilà ce qu’on m’a dit. Arielle et mes collègues, les gars au foot, même la caissière de la supérette du quartier. « On te voit plus hein ». Normal, si je ne mange pas, je n’ai pas de provisions à faire. Je devenais une version ascétique de moi-même. J’ai tenu sous la pression, même sur le terrain de foot. J’ai juste arrêté de courir quand j’en avais assez. Même les pompes sont revenues (j’avais arrêté), la marche aussi (j’avais arrêté), comme les pensées sombres (j’avais jamais arrêté), mais entouré d’une douceur en particulier, que la grâce de Dieu m’a fait parvenir.
Résurrection anticipée : fin du Carême
Les derniers jours, c’était foot, prière, aloco et poulet pour rompre mon jeûne. Le corps a souffert, mais l’âme s’est gonflée d’espoir (et les bras aussi, merci les pompes). J’ai terminé ce carême avec ma famille, la messe, et ce sentiment étrange que je ne suis pas tout à fait le même qu’il y a 40 jours. Différent. Ce que je retiens surtout :
- Le jeûne n’est pas un régime, même si j’ai maigri ;
- Le gospel est une drogue douce ;
- Ne jamais sous-estimer la tentation sous forme de chocolat ;
- Dieu pile pas foutou, chacun doit faire son gbou.
Je ne suis pas devenu saint. Pas de doutes là-dessus. Mais j’ai compris un truc : le Carême, ce n’est pas une performance. C’est une rencontre, avec Dieu, avec les autres, et surtout avec soi-même. La prochaine fois, je ferai peut-être moins de pompes ou plus. Mais c’est sûr que je le referai, parce que je sais que même sans pain, on peut nourrir son âme. Et ça, c’est plus fort que tous les sandwichs du monde.
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